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La chouette aveugle (Ed. Les Belles Lettres) de Sâdeq HEDÂYAT
samedi 23 mars | 11h00
En présence de Sébastien JALLAUD (L’auteur de cette nouvelle traduction)
« Dans la vie il est des blessures qui semblables à la lèpre lentement dévorent et entament l’esprit dans sa retraite. » L’incipit de La Chouette aveugle de Sâdeq HEDAYAT est de ceux qui, tel celui de L’Étranger ou de Du côté de chez Swann, restent gravés dans les mémoires et dessinent en quelques mots un univers. Celui de Sâdeq HEDAYAT, écrivain persan qui s’est donné la mort à Paris en 1951, est sombre, oppressant et morbide. Le narrateur de son chef-d’oeuvre, La Chouette aveugle , alterne les temps d’apaisement halluciné, que lui apportent l’opium et les drogues, et les moments où il crie avec une acuité déchirante et une lucidité implacable son dégoût du monde comme il va et de la bassesse des comportements humains. Il dénonce les mascarades : l’amour, le mariage et la religion, auxquelles seule la mort peut mettre un terme.
La nouvelle traduction de Sébastien JALLAUD proposée dans ce volume colle au texte de l’auteur, emprunte le rythme si particulier de ses phrases et restitue la crudité de ses analyses.
La Chouette aveugle n’est certainement pas un conte oriental. C’est une plongée contagieuse dans les désillusions d’un homme du XXᵉ siècle confronté au monde iranien traditionnel, un voyage en chambre nourri par le séjour en Inde de l’auteur et par les drogues apportant au narrateur un peu de sommeil et d’oubli.
Imprimée pour la première fois en 1937 à Bombay (à cause de la censure en Iran) avant d’être réimprimée en deux éditions différentes quelques années plus tard à Téhéran, La Chouette aveugle connut une histoire éditoriale particulièrement complexe que Sébastien JALLAUD a étudiée en détail dans les publications, bibliothèques et archives d’Europe et d’Iran. Outre la traduction du roman, l’ouvrage rend compte d’une partie des recherches de Sébastien JALLAUD sur les différentes éditions du texte en persan, sur le contexte de publication de la première traduction française du roman (en 1953) et sur le séjour de Sâdeq HEDAYAT en Inde (l’Inde est très présente dans La Chouette aveugle). L’ouvrage contient enfin la toute première édition critique du texte persan de La Chouette aveugle ainsi que deux courtes nouvelles écrites en français par Sâdeq HEDAYAT, très probablement lors de son séjour indien.
« HEDAYAT avait une de ces plaies du soi qui vous font tanguer dans le monde, c’est cette faille qui s’est ouverte
jusqu’à devenir crevasse ; il y a là, comme dans l’opium, dans l’alcool, dans tout ce qui vous ouvre en deux, non
pas une maladie mais une décision, une volonté de se fissurer l’être jusqu’au bout. »
(Mathias ENARD, Boussole)